Gratuit
T. 05 56 00 81 50
capc@mairie-bordeaux.fr
Réservation ligne conseillée, ICI
En parallèle de l’exposition Amour Systémique au Capc, la journée d’étude « Désamours systémiques » entend s'intéresser à la critique institutionnelle au sein des pratiques artistiques. Ce temps de recherche portera sur des pratiques alternatives en proie à leur réception institutionnelle et sur des œuvres s'immisçant dans des établissements culturels de façon à en changer les modes opératoires. Il sera également l'occasion de pratiquer un arpentage – méthode de lecture collective – de l'ouvrage L'art impossible de Geoffroy de Lagasnerie (PUF, 2020), et enfin d'écouter Michèle Martel, co-autrice du manifeste collectif Pour des écoles d'art féministes (Les Presses du Réel, 2024).
Réservation en ligne conseillée ICI
Une programmation organisée en partenariat avec Artes (UR 24141), Université Bordeaux Montaigne.
Programme de la journée
- 10h15 > Mot d’ouverture par Gilles Baume, Alice Cazaux et Cédric Fauq
- 10h30 > Visite flash. Œuvres choisies de l’exposition Amour Systémique par Cédric Fauq
- 11h > Coline Degruson
Les délires du système : est-ce GRAV docteur ?
Entre amour systémique de François Morellet au cours des années 50 et désamour systémique du Groupe de Recherche d’Art Visuel au cours des années 1960, il sera question d’évoquer cette bande d’artistes et sa trajectoire artistique, du Rio de la Plata à Paris, en passant par Budapest. Des œuvres collectives aux manifestes engagés, quelle place occupe le système dans cette décennie du lumino-cinétisme ?
- 11h30 > François Trahais
Les réseaux de l’art conceptuel en France, expositions indépendantes, circuits marchands et processus d’institutionnalisation
Au cours des années 1970, plusieurs expositions collectives témoignent de la réception de l’art conceptuel en France. La première de ces manifestations émane d’une initiative indépendante avec l’exposition 18 PARIS IV.70 organisée par Michel Claura d’après une idée de Seth Siegelaub. Cependant, et très rapidement, deux marchands d’art : Daniel Templon et Yvon Lambert vont contribuer à la diffusion de l’art conceptuel, et in extenso, à sa consécration institutionnelle. Cette récupération amènera Claura et Siegelaub à une sorte de « désamour systémique » dès lors qu’ils se retireront progressivement du champ de la promotion d’un art dont ils furent pourtant les instigateurs premiers sur le territoire français.
- 13h30 > Café arpentage
De l’ouvrage L’art impossible de Geoffroy de Lagasnerie (PUF, 2020)
Découpage, lecture collective et restitution/discussion.
En quatrième de couverture : « Tout créateur devrait se poser la question de savoir comment ne pas être complice, volontairement ou involontairement, des systèmes des pouvoirs. Pour cela, il est nécessaire de substituer une éthique des œuvres à une valeur inconditionnelle de la culture. Dans Penser dans un monde mauvais, Geoffroy de Lagasnerie proposait de placer au cœur des sciences sociales et de la philosophie la production de « savoirs oppositionnels » : comment transposer ces analyses au champ de l’art ? Dès qu’on le confronte au monde et à l’action, que l’on refuse l’autonomisation de la sphère esthétique, il est difficile de ne pas devenir sceptique sur la valeur de l’art : peut-on définir un « art oppositionnel » ? Sur quelles valeurs reposerait-il ? Contre quelles valeurs s’affirmerait-il ? Quelles relations entretiendrait alors l’artiste avec les institutions du monde culturel ?
15h > Marie Moreau
Fabulation pour un procès, le cas des œuvres empêchées légalement du Bureau des dépositionsCette étude commence par un geste, celui de réunir les personnes témoins, agents, producteurs, diffuseurs et/ou co-autrices de l’ensemble aujourd’hui empêché légalement et dissout : Le Bureau des dépositions. Pendant cinq ans, un ensemble de dix co-auteurs-performeurs ont créé des œuvres immatérielles performatives. Par le droit d’auteur, ils et elles pouvaient s’exprimer publiquement contre rémunération en cédant leurs droits d’auteurices alors qu’ils étaient, pour plusieurs, interdits au droit du travail étant soit clandestinisé, soit en demande d’asile. Leurs expressions traitaient directement des injustices que produisent le droit des étrangers sur les vies en Europe et sur les frontières d’Europe et sur le droit d’auteur. Leurs co-créations ont pris la forme d’œuvres-milieux, œuvres immatérielles performatives qui sont aujourd’hui légalement empêchées.
- 15h30 > Juliette Pym
Redonner du sens au système : critique institutionnelle et protocoles de travail
Cette proposition s’intéressera à l’influence de la critique institutionnelle sur la redéfinition des protocoles de travail dans les institutions artistiques, afin de promouvoir une institution de l’art plus éthique. Deux expositions serviront de point d’appui à cette réflexion.
En 2019 au BBB centre d’art, l’exposition Temps partiels de Matthieu Saladin propose une réflexion critique sur « notre rapport au passé et au présent des idées politiques » en intervenant sur le centre d’art par des protocoles (modification des horaires d’ouverture, transposition du budget en musique, ralentissement du rythme du travail de l’équipe). En 2020, Enric Puig qui vient d’être nommé à la direction du centre d’art Santa Mònica de Barcelone propose une exposition inaugurale auto-réflexive. Exposer · Ne pas s’exposer · S’exposer · Ne pas exposer invite les artistes à prendre part à une réflexion sur les « processus de déconstruction et de reconstruction d’un centre d’art dans les sphères institutionnelle, architecturale et symbolique ».
- 17h > Michèle Martel
Présentation du manifeste collectif. Pour des écoles d’art féministes (Les Presses du Réel, 2024)
Retranscrire un cycle de conférences, entretiens, workshops et groupes de discussion féministes intersectionnels dans une école d’art s’avère crucial pour partager des outils d’émancipation et bousculer les critères implicites qui structurent nos regards et nos pratiques (identification aux normes visuelles occidentales, représentations romantico-capitalistes de l’artiste-auteur…). Il apparaît primordial de donner la parole aux artistes et à celleux qui les soutiennent sur leurs manières d’appréhender les relations de pouvoir voire de les déjouer. Cet ouvrage a pour premier objet de partager les contenus accueillis et produits à l’École Supérieure d’Art de Clermont Métropole entre 2017 et 2022. Il est aussi l’occasion de travailler avec un groupe d’étudiants, d’artistes et de chercheureuses, pour penser la manière d’élaborer collectivement des invitations mais aussi l’élaboration de l’ouvrage ; il est un outil pour un travail pédagogique collectif et idéalement horizontal au cœur d’une institution hiérarchisée et hiérarchisante. Les invitations, la transcription et l’édition des textes se sont faits en commun.