En 2021, pour cette première édition de la résidence d'artistes Les Furtifs, le Capc invite pendant deux mois en mai et juin, Clémence de La Tour du Pin.
Clémence de La Tour du Pin
Née en 1986 à Roanne. Elle vit et travaille à Paris et à Amsterdam.
La pratique de Clémence de La Tour du Pin est constituée principalement de sculptures, de peintures et d'assemblages qui comportent souvent un aspect olfactif ou tactile. Elle a été formée à l'école Boulle à Paris, à la London School of Art, Architecture & Design et à De Ateliers, Amsterdam.
Elle a aussi co-dirigé un espace d’art indépendant à Berlin. Son travail a récemment été présenté par la galerie 15 Orient, New York à Balice Hertling, Paris et dans des institutions telles que La Synagogue de Delme, France ; le Dortmunder Kunstverein, Allemagne et le Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris. Clémence de La Tour du Pin était récemment en résidence à la Cité internationale des arts.
Après sa résidence, le samedi 27 novembre, Clémence de La Tour du Pin reviendra au Capc pour présenter Host la fragrance qu'elle a créée, librement inspirée des archives du Capc.
Cet évènement hybride, proposera de révéler le travail qu'elle a réalisé au Capc à travers la projection de films, d'une performance ainsi que d'une lecture de Marion Vasseur, la commissaire associée au programme de résidence.
Le projet de Clémence de la Tour du Pin bénéficie du soutien du Mondrian Fund.
Les flacons en verre ont été réalisés avec Production Ateliers du faire – Fondation d'entreprise Martell, 2021.
Fragrance par Les Olfactines : Clémentine Humeau et Marie-Julie Hébert.
Événement
Host
de Clémence de La Tour du Pin
Rencontre
Samedi 27 novembre 2021, 16h30
Après sa résidence de mai à juin 2021, Clémence de La Tour du Pin est revenue au Capc pour présenter Host la fragrance qu’elle a créée, librement inspirée des archives du musée.
Cet évènement hybride proposera de révéler le travail effectué au Capc à travers la projection d’une sélection de films, d’une performance ainsi que d’une lecture de Marion Vasseur Raluy, la commissaire associée au programme de résidence.
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Pendant sa résidence au Capc, Clémence de La Tour du Pin a concentré sa recherche sur les formes inconnues du passé qui existent et persistent dans le présent et sur la manière dont elles pourraient être exprimées à travers une odeur. Pour ce faire, elle a d’abord examiné ses propres archives en réfléchissant aux notions de reprise, de répétition et de condensation. Un deuxième temps a été consacré à l’examen des archives du Capc, avec une attention particulière aux enregistrements audio, aux vidéos et aux documents écrits. Les voix stockées et répertoriées dans le musée peuvent être perçues comme des sortes de spectres.
L’absence de certaines voix dans ces documents est perceptible comme une ombre et soulève des questions sur leur invisibilité et les motifs politiques qui sous-tendent le processus d’historicisation. Dans le texte de Mike Kelley, « People say I’m a romantic »[1], il développe une réflexion sur l’absurde et l’illogique à travers les histoires mineures et leur intégration dans une compréhension commune du passé. Il parle de la relation qu’il entretient avec les objets et comment il les manipule afin qu’ils soient perçus comme nostalgiques. En soulignant la plasticité du passé, une nouvelle chronologie est encapsulée et propose une reconfiguration de l’histoire.
Une constellation de collages divers et de matériaux visuels ont servi de base pour composer l’architecture de l’odeur Host. Certains motifs ont émergé au cours d’une discussion avec deux parfumeuses et ont ensuite été traduits en notes olfactives. Le premier motif est le mouvement de l’ombre, qui passe d’un gris opalin à un noir épais. Parmi les matières olfactives abordées, citons l’Hydrocarborésine, dont l’odeur
résineuse et cramoisie évolue vers une écume plus organique, et la noix de muscade avec sa facette poussiéreuse et mate. Un second motif est l’ambivalence de la peau. Deux molécules évoquent la dégradation d’une peau malade, en décomposition. Cétone V est une odeur reptilienne, comme une peau qui mue. Costus est une odeur de cuir chevelu usé. Ces deux notes s’opposent.
Host trouve son origine dans les recherches menées depuis plusieurs années par Clémence de La Tour du Pin sur la manière dont les maladies chroniques sont comprises et traitées par la médecine ancestrale des plantes. Dans ce paradigme, certains troubles physiques pourraient être causées par des entités spirituelles parasites, généralement non identifiées, capables de s’accrocher à certaines parties du corps humain. Ces phénomènes, appelés infestations, sont une forme assez courante. Cependant, nos cultures ont popularisé la notion de possession qui sont des formes graves d’infestation où une ou plusieurs entités prennent le contrôle total de la conscience d’une personne. Ainsi les infestations existent de manière latente sous la conscience et apparaissent comme des maladies psychologiques ou des maladies physiques.
[1] Ce texte fait partie des archives du Capc.
Résidence Les Furtifs
En 2021, le Capc lance son nouveau programme de résidence Les Furtifs, qui emprunte son nom au roman éponyme de science-fiction de Alain Damasio, dans lequel les furtifs sont des êtres de chair et de sons, à la vitalité hors norme, qui métabolisent dans leur trajet aussi bien pierre, déchet, animal que plante pour alimenter leurs métamorphoses incessantes. À partir d’invitations faites à trois artistes, la résidence souhaite renverser la logique habituellement proposée en leur offrant un espace et un temps modulable en fonction de leur projet.
Pour cette première année et sur une invitation de Marion Vasseur Raluy, commissaire associée au programme de résidence, les artistes sélectionnées sont Clémence de La Tour du Pin (mai-juin), Louise Siffert (novembre-décembre) et Mona Varichon (septembre-Octobre).