Compris dans le prix du billet d'entrée au musée
Je n'entends plus aucune voix, une performance d'Angélique Aubrit & Ludovic Beillard organisée dans le cadre de l'exposition Le Club du Poisson-Lune.
Je n'entends plus aucune voix (2022)
J'en ai assez de lutter. Je vais m'asseoir un instant et si on me passe devant et bien tant pis je ne répondrai pas, il paraît qu'être en silence c'est faire la mort. Tu peux alors me considérer ainsi si ça te chante car j'ai trouvé un recoin. Je ne veux plus m'excuser, je ne veux plus rien. Depuis quelque temps, 3 minutes par jour, j'ouvre les yeux bien face au soleil afin de n'imprimer que lui. Je peux encore vous sentir et c'est bien assez d’ailleurs ; il faudrait que ce soit tout. Tu peux te diriger vers moi mais je te prie de ne plus m'effleurer, j'ai toujours du mal avec les souvenirs.
Les œuvres d’Angélique Aubrit sont très souvent réalisées en textile – suivant les principes du DIY – autant par nécessité que pour l’esthétique qui en ressort. Ses créations figurent des narrations de personnages flottant, présents ou absents, affecté·e·s par des situations sociales décevantes, voire désespérantes. Il règne alors un état psychologique névrosé, proche de la folie, mais qui ne se laisserait pas observer de l’extérieur, parce qu’elle concerne autant l’observateur que l’observé. Pourtant Angélique Aubrit se refuse à tout pessimisme et il s’agit ici d’accepter un état civilisationnel, une réalité, afin d’en écrire les nouvelles formes de défoulements collectifs.
L’art de Ludovic Beillard mène vers un univers où se conjuguent récits, légendes, théâtre de l’absurde et imaginaires médiévaux avec notre époque contemporaine dans ce qu’elle a de plus brutale et brumeuse : l’artiste recherche chez ses contemporains la manière dont évoluent et s’extériorisent les cas de personnes cherchant à s’écarter de la société, tels qu’autrefois, les moines franciscains, les recluses et aujourd’hui, les personnages « illuminés », les hommes taupes vivant dans les sous-sols des villes, etc. Il s’intéresse plus particulièrement à la manière dont ceux-ci se bâtissent leur environnement de vie en fonction de leurs moyens, créant de véritables décors d’un théâtre dont ils seraient les seuls spectateurs.