Vibeke Mascini, Le monde comme un verbe
28.03.25 - 28.09.25
Vibeke Mascini, Le monde comme un verbe
28.03.25 - 28.09.25
Vibeke Mascini, Le monde comme un verbe
28.03.25 - 28.09.25
Vibeke Mascini, "INSTAR, 6.9kWh", 2023. Triennale d'art et de technologie de Dunkerque. Photo Martin Argyroglo

Le Capc est heureux de présenter la première exposition institutionnelle d’envergure de Vibeke Mascini, née en 1989 qui vit et travaille à Amsterdam aux Pays-Bas. Intitulée Le Monde comme un verbe, cette exposition proposera un dialogue entre des pièces existantes et des nouvelles productions pensées spécifiquement pour le lieu.

 

Du :
28.03.25
Au :
28.09.25

Commissaire 
Sandra Patron

Vernissage
Jeudi 27 mars, 19h

Depuis sa formation initiale à la Rietveld Academie puis à la Rijksakademie à Amsterdam, Vibeke Mascini développe une recherche singulière et fascinante, qui s’intéresse au transfert d’énergie et à la manière dont la matière en décomposition peut être transformée en source d’électricité. Souvent réalisées en étroite collaboration avec des scientifiques, des ingénieurs et/ou des musiciens, ses sculptures, installations et vidéos cherchent à canaliser une compréhension intime de l'électricité en établissant une relation directe avec sa source. Parmi les résultats de ses recherches, la graisse d'une baleine échouée, la cocaïne confisquée par les douanes ou la force hydraulique de l'eau d'un glacier en train de fondre ont été utilisées par l’artiste pour produire de l’électricité dans des installations émouvantes qui livrent une réflexion sur la vie et la mort, et sur les interconnexions souvent contradictoires entre l’homme et les autres formes de vie. De nombreux projets en cours s’intéressent aux sources improbables à partir desquelles l'électricité est générée par ces processus de destruction. 

 

Ses œuvres Salvage (2019) et Instar (2021), se concentrent ainsi sur la récupération d'énergie qui sera ensuite stockée par l’artiste dans des batteries puis réutilisée dans ses œuvres pour donner de nouvelles formes de vie.  Cette recherche au long cours menée par l’artiste notamment sur les baleines est centrale dans son approche artistique, à la fois conceptuellement, matériellement et métaphoriquement. Tout au long de l’histoire humaine, la baleine a en effet été utilisée par l’homme pour divers produits et applications, qu’il s’agisse de graisse pour se chauffer ou pour créer de la lumière. Récemment, des études scientifiques ont trouvé des traces d'industries humaines s'accumulant dans les tissus des baleines, faisant de ces dernières l'un des animaux les plus pollués au monde, le corps de la baleine devenant métaphoriquement une archive toxique de notre rapport au monde.   

 

Parallèlement avec l’œuvre Lethe (2022), Vibeke Mascini explore un processus de démolition qui se déroule à une échelle beaucoup plus vaste, celle de la destruction d'un paysage, en l’occurrence la fonte d'un glacier dans les montagnes suisses, sous l'influence croissante du réchauffement climatique. Le changement climatique a un impact majeur sur les Alpes, la température y a augmenté de deux degrés Celsius au cours du siècle dernier. Cette catastrophe écologique en cours est reconvertie par l’industrie humaine qui crée de l’électricité à partir de cette fonte des glaces. En accord avec la société suisse d'électricité Kraftwerke Zervreila, Vibeke Mascini a obtenu l'accès à l'installation avec laquelle la société produit de l'électricité à partir de l'eau de fonte des glaciers. Cette eau de fonte s'accumule dans des lacs artificiels créés par l'homme et est acheminée vers des turbines et des générateurs situés en contrebas, qui la convertissent en électricité. Cela transforme une réserve naturelle en un paysage de profit où les conséquences négatives du changement climatique sont converties en production d’électricité.  

 

Dans ses œuvres d’une grande poésie, Vibeke Mascini met ainsi en perspective les évolutions de notre société face aux défis climatiques, et nous plonge au cœur de la quête de nos sociétés contemporaines pour trouver des alternatives viables.

 

Commissaire Sandra Patron

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