18.11.10 - 27.02.11
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Robert Breer (1926-2011) a bâti pendant soixante ans une oeuvre drôle et stimulante. Successivement l’artiste s’est associé à plusieurs mouvements significatifs des avant-gardes française et américaine. Après avoir pratiqué l’abstraction géométrique dans les années 50, il réalise des films d’animation puis, à partir du milieu des années 60, invente des objets en mouvement, les Tanks, les Rugs et les Floats. Le CAPC rassemble pour la première fois l’ensemble des sculptures flottantes, les Floats, dans la nef de l’Entrepôt.
Commissaire : Alexis Vaillant
Pendant trois mois, ces sculpturesflottantes, quasi-minimales et historiques, vont errer dans la nef du musée, produisant la vision stimulante d’une exposition instable entre convention de sculptures mobiles et bal des débutantes silencieux.
Indiscipline, apesanteur, glissement et fluidité sont les maîtres mots d’une œuvre associée successivement à plusieurs mouvements des avant-gardes française et américaine des années 1950.
L’artiste, qui se consacre à ses débuts au film expérimental et à la peinture abstraite, installe en 1965 des petites roues sur un de ses volumes qu’il pose au sol. Tanks, Rugs et autres Floats partent alors pour épopée de plain pied, égratignant au passage la sculpture minimaliste, les socles, et le côté hiératique des expositions.
Les Floats (sculptures flottantes) que Robert Breer se remet à produire a la fin des années 1990, ont ainsi émergé en 1965. Le mot «float» qui désigne un flotteur - balise, bouchon de ligne ou bouée - et qui qualifie aussi les chars de parade que des roues dissimulées font flotter au-dessus du bitume, permet à Robert Breer d’appliquer ce principe à des œuvres d’un genre nouveau. Formes primaires, couleurs neutres et pour les plus récents, aspect industriel, les Floats sont alors fabriqués en polystyrène, en mousse, en contreplaqué peint et en fibre de verre pour les derniers. Au premier coup d’oeil, ces volumes simples ont l’air immobiles. En réalité, ils se meuvent, imperceptiblement, dans l’espace qui les accueille. Motorisés et sur mini-roulettes - ce qui les surélève légèrement du sol et leur donne un côté en apesanteur -, ils se glissent à l’insu du visiteur, dessinant des trajectoires aléatoires que vient interrompre le moindre obstacle rencontré. Cette liberté qui découle de l’autonomie motrice caractéristique des Floats indique la présence d’un oeil moteur multiplicateur de points de vue, non pas tant sur l’oeuvre mais sur ce qu’elle traverse et ce sur quoi elle déteint. La sculpture de Robert Breer est contemporaine des formes géométriques minimales emblématiques des années 1960, ainsi que de nombreuses expérimentations imprégnées de l’esprit de la performance, qui apparaissent dans la mouvance de John Cage et de Merce Cunningham qui font partie des artistes que Robert Breer fréquente à son arrivée à New York. Mais dans les années 1960, ces Floats n’ont pas été pris au sérieux.
L’étaient-ils ? Et le pouvaient-ils, eux qui critiquaient, l’air de rien, l’emprise de la sculpture minimaliste de cette époque ? C’est donc trois décennies plus tard qu’ils réapparaissent, toujours à New York, avec la même énergie et pertinence, cette fois dans des expositions collectives avec des artistes d’une autre génération.Et comme dans les années 1960, les Floats perturbent l’ordre calculé des expositions, ils génèrent un trouble profond chez le visiteur qui n’arrive pas à savoir qui des oeuvres, du bâtiment ou de lui-même a réellement bougé.
Dans la nef du CAPC, la réunion jamais réalisée d’une trentaine de ces pièces donnera une intensité toute particulière à cette expérience.
Commissaire : Alexis Vaillant