L'histoire du Capc
L'histoire du Capc
L'histoire du Capc
Homme assis de dos
Mario Merz, 1987. Capc Musée d'art contemporain. Photo : Frédéric Delpech
L'histoire du Capc

Depuis sa fondation en 1973, le Capc – Centre d’arts plastiques contemporains – a toujours été un espace exceptionnel pour la création. Au cours de ses cinquante années d’existence, ce lieu de recherche et d’expérimentation a su rapprocher artistes et publics, curieux de découvrir de nouvelles formes d’art, d’exposition et de médiation, dans des formats toujours renouvelés.

 

Dès l’exposition inaugurale du Capc en 1973, Regarder ailleurs, son fondateur Jean-Louis Froment donne le ton et fait découvrir au public une création contemporaine résolument internationale, tournée vers les grands artistes et courants de son époque, ouverte à toutes les pratiques disciplinaires.

À cette époque, hormis le Centre Pompidou à Paris (créé en 1977), le Nouveau Musée à Villeurbanne (en 1978) et le Magasin à Grenoble (en 1986), peu de lieux en France sont exclusivement dédiés à la création contemporaine. Le Capc acquiert rapidement, de ce fait, une notoriété qui dépasse largement les frontières nationales. Il accède au statut de musée en 1984 et obtient l'appellation « Musée de France » en 2002 puis le label « Centre d'art contemporain d'intérêt national » en 2021.

Installé dans l'Entrepôt Lainé un imposant bâtiment patrimonial situé dans le quartier des Chartrons, à proximité des quais de Garonne, le Capc dispose de 3 422 m2 de surfaces d’exposition. Cet ancien entrepôt réel de denrées coloniales bâti en 1824 a connu trois grandes phases de travaux de rénovation menés entre 1984 et 1990. Au fil du temps le Capc a été perçu comme un modèle de réhabilitation architecturale et de reconversion. Grâce à l’intervention patiente et réfléchie des architectes Denis Valode et Jean Pistre accompagnés de la designeuse Andrée Putman, cet ancien temple des épices s’est imposé dès son origine comme un écrin idéal pour l’imaginaire.

Chaque année, la programmation organisée en trois temps forts (printemps, été, automne) conjugue expositions monographiques et collectives, cycles de projections et de conférences, performances, rencontres, débats et dispositifs d’accompagnement des publics.

Fer de lance de sa programmation, les expositions monographiques dans la nef, produites par et pour le lieu, deviennent vite sa marque de fabrique. Elles accompagnent, et souvent anticipent, la montée en puissance d’artistes majeurs de leur époque.

Ces aventures avec les artistes se sont faites autour d’œuvres qui, pour beaucoup, ont rejoint la collection du Capc. Riche de plus de 1 900 pièces signées par plus de 340 artistes du monde entier, ce fonds rassemble des œuvres d’artistes tels que Daniel Buren, Nan Goldin, Sol LeWitt, Annette Messager ou Richard Serra pour les plus historiques, et de Benoît Maire, Julie Béna, Naufus Ramírez-Figueroa, Danh Vō ou Leonor Antunes pour les plus récentes.

En parallèle, le Capc mène tout au long de son histoire une réflexion sur le format de l’exposition et les grands enjeux artistiques de son époque. Ainsi dans les années 1980, le Capc propose une série d’expositions liées à certaines avant-gardes importantes des décennies précédentes : Arte Povera, Art conceptuel, Art minimal, Land Art.

Durant la décennie suivante, le Capc donne la parole à une nouvelle génération d’artistes et de commissaires d’expositions, dont le rapport aux médias, aux images et à leur circulation s’est profondément transformé, comme par exemple Traffic de Nicolas Bourriaud en 1996, ou encore Cities on the move de Hou Hanru et Hans Ulrich Obrist en 1998 (coproduction arc en rêve).

Dans les années 2000, le Capc s’attache à repositionner l’institution artistique dans un contexte culturel élargi qui prend en compte la musique, l’architecture, les mass média et les cultures populaires, avec notamment en 2009 l’exposition Insiders (coproduction arc en rêve) ou Dystopia en 2011. Plus récemment, le Capc a développé une identité forte autour de la mise en lumière et de la relecture du travail d’artistes femmes, à l’instar des artistes Judy Chicago, Beatriz González, Takako Saito ou Irma Blank, auxquelles le Capc a consacré, ces dernières années, des rétrospectives d’envergure, positionnant l’institution parmi les plus audacieuses au niveau national sur ce plan.

Le Capc déploie ces dernières années un projet en phase avec les préoccupations économiques ou sociales de son époque comme récemment avec le récit de collection Le Tour du jour en quatre-vingts mondes ou encore avec Mon corps n'est pas une île, une installation monumentale de l’artiste tchèque Eva Kot’àtkovà.

 

 

 

 

Quelques repères historiques
1973 – 1984
Grandes bâches de peintures
Claude Viallat, 1980. Entrepôt Lainé, Grande nef. 25 février - 19 avril 1980.

 

 

L'association CAPC créée par Jean-Louis Froment organise, en 1973, la première grande exposition collective d’art contemporain à Bordeaux, Regarder ailleurs, dans le hall du Palais de la Bourse, avec des créations de Claude Viallat, Gina Pane, Jean Oth et Gérard Titus-Carmel. Dès l’année suivante, l’association commence à partager les espaces du rez-de-chaussée de l’Entrepôt Lainé avec un collectif d’associations culturelles locales œuvrant dans divers domaines et regroupées sous l’appellation de Groupe d’Utilisateurs du Lieu (GUL).

La première exposition collective qui se tient dans l’imposante nef centrale est intitulée Pour mémoires (1974) et présente des œuvres de Christian Boltanski, Jean Le Gac et Jacques Monory, entre autres.

Conscient de la richesse de la nouvelle donne artistique qui se développe au-delà du territoire français, Jean-Louis Froment souhaite inscrire le Capc dans une dynamique internationale. Dès 1975, avec le soutien de la collectionneuse Ileana Sonnabend, le Capc organise l’exposition de l’artiste américain Jim Dine, un des pionniers du happening et figure majeure des tendances Pop et Néo-Dada avec Claes Oldenburg et Robert Rauschenberg. En 1976, l’exposition collective Identités/Identifications réunit des artistes, toutes tendances confondues tels que Vito Acconci, Urs Luthi, Panamarenko, Christian Boltanski, Giuseppe Penone…

Sculpture/ Nature (1978) conçue avec le concours de Jean-Marc Poinsot fait le point sur les divers aspects du Land Art à travers la présentation d’une riche matière documentaire qui analyse les rapports des artistes à la Nature. Enfin, l’année 1980 est marquée par la première rétrospective en France de la « période baroque » de Frank Stella, artiste pilier de la peinture américaine, qui fut un des premiers à proposer une alternative à la domination de l’Expressionnisme Abstrait.

En 1980 également, pour la première fois, la grande nef du Capc est mise à la disposition d'un artiste pour un projet spectaculaire. Claude Viallat investit l'espace de ses bâches colorées.

Pendant cette période, l’Entrepôt Lainé devient aussi un des lieux d’accueil de la programmation du festival pluridisciplinaire SIGMA, initié par Roger Lafosse en 1965, et dont le Centre d’information Sigma occupera des espaces de travail dans le bâtiment de 1972 à 1989. Pendant ses trois décennies d’existence, cet événement pluridisciplinaire enrichit le paysage culturel bordelais en invitant chaque année pendant une semaine le meilleur de la création indépendante et expérimentale en matière de spectacle vivant, de musique et de cinéma.

L’association arc en rêve centre d’architecture, créée à Bordeaux en 1980, s’installe de son côté dans le même bâtiment dès 1981. Son objectif est de mener des actions de sensibilisation culturelle dans les domaines de l’architecture, de la ville, du paysage et du design, et d’assurer un rôle de médiation pour la promotion de la qualité du cadre de vie.

 

 

 

1984 – 1990
Keith Haring devant une fresque au CapcKeith Haring devant "Les dix commandements" dans la nef du Capc. (4.12.1985 - 12.01.1986). © photo D.R

 

En 1984, le centre d’art, vite remarqué sur la scène internationale, devient, par volonté politique, le musée d’art contemporain de la Ville de Bordeaux. Hormis le Centre Pompidou à Paris, peu de lieux en France sont alors dédiés exclusivement à l’art contemporain. Le premier fonds de la collection se constitue à partir de dépôts, de dons et de l’acquisition d’œuvres présentées dans les expositions. De nouvelles phases de travaux de rénovation, initiés dès l’achat du bâtiment par la ville en 1974, sont conduits par les architectes Denis Valode et Jean Pistre, avec la collaboration de l’architecte d’intérieur Andrée Putman, jusqu’aux derniers aménagements, en 1990.

Jusqu’à la fin des années 1980, le Capc réalise des expositions thématiques qui présentent à Bordeaux les grands mouvements de l’art contemporain international et des expositions monographiques d’artistes liés à certaines avant-gardes importantes des décennies précédentes : Antiform, Arte povera, Art conceptuel, Art minimal, Land Art. La programmation s'ouvre aussi à la nouvelle génération de peintres européens : Anselm Kiefer, Jean-Charles Blais, Richard Long, Robert Combas, François Boisrond, Hervé Di Rosa, Enzo Cucchi, Miquel Barceló ou José María Sicilia, sans oublier, en 1985, la première exposition monographique de Keith Haring en Europe, qui réalise pour l’occasion, et in situ, un ensemble d’œuvres originales, dont un wall painting encore visible en permanence depuis l’ascenseur du musée.


 

1990 – 1996
Vue de la nef du Capc avec de grandes plaques de métal noir Vue de l'exposition Richard Serra, Threats of Hell, 1990. Capc musée d'art contemporain. Photo : Frédéric Delpech

 

En 1990, le Capc musée d’art contemporain de Bordeaux rouvre après travaux. L‘imposante installation Threats of Hell de Richard Serra occupe l’espace monumental de la nef centrale. De la collection, sont présentés les ensembles les plus importants : Christian Boltanski, Daniel Buren, Gilbert & George, Jannis Kounellis, Sol LeWitt, Richard Long, Mario Merz. Un an plus tard, Daniel Buren magnifie à son tour l’architecture de l’Entrepôt dans une spectaculaire installation de miroirs intitulée Arguments topiques.

En 1992, l’artiste californien Mike Kelley est invité au Capc pour sa première rétrospective en France. En 1993, c’est le commissaire d’exposition Harald Szeemann qui investit la nef du musée pour y mettre en perspective le travail de huit artistes émergents dans l’exposition GAS, Grandiose Ambitieux Silencieux et cette même année, commande est passée à On Kawara pour la réalisation d’un livre d’artiste à l’occasion des 20 ans de la structure, intitulé 247 mois, 247 jours. En 1995, le tandem d’artistes britanniques Gilbert & George propose dans l’atrium la performance The Singing Sculpture, en marge de l’exposition collective Attitudes/ Sculptures 1963-1972, tandis que la grande nef du musée devient le théâtre d’une réactualisation en intérieur de l’impressionnante installation de Robert Morris, Steam, créée en 1967, qui remplit cet espace emblématique d’une dense vapeur d’eau diffusée en continu sur un gigantesque lit de pierres.

Les années 1990 voient naître une nouvelle génération d’artistes, de commissaires d’expositions et de critiques dont le rapport aux images, à leur circulation et aux médias s’est profondément transformé. L’« esthétique relationnelle » devient ainsi l’expression majeure de la décennie. On en perçoit les enjeux dans les dispositifs de l’exposition collective Traffic, conçue en 1996 par le commissaire d’exposition Nicolas Bourriaud, devenue depuis emblématique de son époque et d’un renouveau des pratiques curatoriales.

 

 

 

 

1996 – 2002
Vue de la nefVue de l'exposition Cities on the Move, 1998, Capc musée d'art contemporain.

 

Jean-Louis Froment quitte la direction du Capc en 1996. Lui succède Henry-Claude Cousseau, nommé en même temps à la direction des musées de Bordeaux, et secondé, à la tête du CAPC, par Marie-Laure Bernadac.

En 1998, Cities on the Move, proposée par Hou Hanru et Hans Ulrich Obrist, constitue la première collaboration du musée avec le centre d’architecture arc en rêve, et révèle l’émergence des artistes d’Asie sur la scène mondiale. Cette même année, le Capc présente la première exposition monographique de Louise Bourgeois dans un musée français, et, en 1999, s’y tiendra la première rétrospective en France du travail de Cindy Sherman, sans oublier la proposition d’Anish Kapoor réalisée in situ pour la nef.

Au début du nouveau millénaire, en parallèle avec les expositions monographiques de Sarkis (2000) ou de Jenny Holzer (OH, 2001), le CAPC invite à réfléchir autour de thèmes de société. En 2000, pour l'exposition Présumés innocents, l’art contemporain et l’enfance, plusieurs générations d’artistes proposent leur point de vue sur le thème universel de l’enfance.

 

 

2002 – 2006
Vue de la nefVue de l'exposition Tatiana Trouvé, Aujourd'hui, hier ou il y a longtemps, 2003. Photo Frédéric Delpech

 

En 2002, Maurice Fréchuret succède à Henry-Claude Cousseau. Pour son premier commissariat, il revisite les racines de l’art contemporain et les origines du Capc avec l’exposition Les années 70, l’art en cause qui rassemble des œuvres de plus de cent artistes ayant marqué cette décennie. En 2004, la nourriture, réflexe biologique ou acte culturel, est l’interrogation commune aux œuvres de la quarantaine d’artistes participant à Hors d’œuvre : ordre et désordres de la nourriture. Autre thématique sociétale abordée est celle du sommeil, en 2006, dans l’exposition Dormir, rêver… et autres nuits, qui rassemble une quarantaine d’artistes internationaux comme Francis Alÿs, Sophie Calle, Pascal Convert, mais aussi Alicia Framis, Nan Goldin ou Andy Warhol.

Pendant cette période, le Capc présentera une exposition individuelle de l’Iranienne Chohreh Feyzdjou et invitera d’autres artistes émergents à investir la nef du musée avec des propositions personnelles, telles que celles de la Française Tatiana Trouvé, l’Américaine Jessica Stockholder ou encore le collectif italien Stalker. Leur projet Aux bords d’eaux (2003) sera réalisé dans le cadre de la commande publique d’œuvres d’art contemporain liée à la mise en service du tramway de l’agglomération bordelaise.

Maurice Fréchuret fait également découvrir ou redécouvrir les œuvres de la collection du Capc à travers le prisme de points de vue scientifiques inédits, dans les expositions Dialogues : œuvres de la collection.

 

 

2006 – 2013
Vue de la nefVue de l'exposition Jim Shaw, Left Behind, 2010.

 

Charlotte Laubard sera la première femme à diriger le musée d’art contemporain de Bordeaux de 2006 à 2013. Au cours de ces années, elle s’attache à repositionner l'institution dans une nouvelle donne internationale et dans un contexte culturel étendu, élargi à la musique, l’architecture, le cinéma, la littérature, mais aussi les mass media et la culture populaire.

En 2007, If Everybody had an Ocean : Brian Wilson, une exposition initie une série d’expositions inspirées par l'univers musical des années Pop. Less is Less, More is More, that’s all s’interroge sur l’objet acculturé, répondant à la première exposition rétrospective du collectif bordelais Présence Panchounette en 2008. IΩO, Explorations psychédéliques en France, 1968 - ∞ (2009), doublée d’un festival musical, revisite les années de la contestation. Insiders, pratiques, usages, savoir-faire, nouvelle collaboration du CAPC avec arc en rêve centre d’architecture, investit la notion de folklore contemporain. Left Behind (2010) présente quinze peintures monumentales réalisées par l’artiste Jim Shaw au cours des dix années précédentes.

L’expostion Dystopia (2011) est conçue à partir d’un scénario proposé par l’écrivain de science-fiction et théoricien américain Mark von Schlegell. Sociétés secrètes. Savoir, oser, vouloir, garder le silence / To Know, To Dare, To Will, To Keep Silence (2011-2012) aborde la question des sociétés secrètes. En 2012 est organisée la première rétrospective en France consacrée à l’artiste luxembourgeois Michel Majerus. À cette occasion, le musée accueille une sélection conséquente d’installations et de peintures dans sa nef, dont la gigantesque rampe de skateboard If you are dead… so it is. En 2013, le théâtre mécanique de Markus Schinwald investit la nef du musée et la même année, cet espace devient le lieu d’une réactivation de la spectaculaire installation d’Allan Kaprow, Yard, régulièrement réinventée depuis 1961. Enfin, SIGMA (2013-2014), coproduite avec les Archives de la Ville de Bordeaux, est la première exposition d'envergure sur ce festival transdisciplinaire. La dernière grande monographie présentée sous la direction de Charlotte Laubard est une importante rétrospective consacrée à l’artiste allemand Franz Erhard Walther intitulée Le corps décide.


 

2014 – 2018
Vue de la nefVue de l'exposition Leonor Antunes, Le plan flexible, 2015.

 

En 2014, la commissaire d’exposition franco-colombienne María Inés Rodríguez reprend les rênes de l’institution. Elle présente, en 2015, dans la nef du musée la première rétrospective majeure consacrée à l'œuvre singulière et polysémique de l’artiste franco-chilien Alejandro Jodorowsky. Elle invitera ensuite à investir ce même espace Leonor Antunes, avec son projet monumental le plan flexible (2015-2016), recourant à deux de ses matériaux de prédilection, le liège et le laiton ; Rosa Barba, qui proposera un voyage quasi fantastique dans les couloirs de la mémoire audiovisuelle à travers une imposante installation filmique et musicale, De la source au poème (2016-2017) ; et l’artiste guatémaltèque Naufus Ramírez-Figueroa avec l’installation in situ, Linnæus in Tenebris (2017), qui revisite l’héritage des Lumières à l’aune des grands dérèglements géopolitiques et environnementaux actuels.

La saison culturelle de la ville, Paysages Bordeaux 2017, est l'occasion d'inviter le collectif curatorial Latitudes pour concevoir une grande exposition collective réunissant plus de 30 artistes, qui traite du rapport qu’entretiennent les œuvres d’art, les collections et les histoires culturelles avec les processus écologiques et la dimension géologique du temps, intitulée 4,543 milliards. La question de la  matière.

Dans le cadre de l’Année France-Colombie 2017, le CAPC propose au sein de la nef la première grande rétrospective en Europe de l’artiste colombienne Beatriz González, dont l’œuvre est marquée par l’histoire de son pays. En 2018, le Bordelais Benoît Maire, dont le travail se situe au croisement de l’art et de la philosophie, présente Thèbes, importante exposition personnelle accompagnée de la première publication monographique consacrée à son œuvre, et à l’automne de la même année, c’est l’artiste danois Danh Vo qui est invité à son tour à concevoir une monumentale installation in situ pour la nef du musée.


 

2019
Vue de la nefVue de l'exposition Lubaina Himid, Naming the Money, 2019. Photo Arthur Péquin

 

En septembre 2019, Sandra Patron devient la nouvelle directrice du Capc. Le programme d’expositions en cours a été conçu, pendant la période d'intérim, sous la direction artistique de la commissaire en chef de l'institution, Alice Motard.

La saison a ouvert en mars, avec Rovesciamento, projet in situ conçu pour la nef du musée par le duo franco-italien Marie Cool Fabio Balducci, et la première exposition monographique en France de Takako Saito, artiste japonaise ayant pris part à la mouvance Fluxus.

Elle s'est poursuivie en juin l’artiste écossaise Ruth Ewan qui a présenté It Rains, It Rains, exposition où elle redéploie au cœur de la nef son installation Back to the Fields. Le programme s'est clôturé en octobre avec une exposition de l’artiste britannique Lubaina Himid – lauréate du prestigieux Turner Prize en 2017 – s’articulant autour de la présentation dans la nef de son installation Naming the Money, œuvre fondamentale de cette figure majeure du British Black Art, composée de 100 découpes peintes de silhouettes en contreplaqué représentant des esclaves africains dans les cours royales du XVIIIe siècle.

Le projet impulsé par la nouvelle directrice Sandra Patron arrivée en septembre 2019 propose de décentrer notre regard, démultiplier les approches pour toucher de nouveaux publics, proposer une programmation exigeante assortie de conditions d’accueil conviviales, privilégier la polyphonie plutôt que l'autorité d'une voix unique, être au plus proche du réacteur de la création.


 

2020-2022
Vue de l'exposition Le Tour du jour en qutre-vingts mondesVue de l'exposition Le Tour du jour en quatre-vingts-mondes, Capc, 2020-2022. Photo Arthur Péquin

 

À l’instar de toutes les institutions culturelles françaises, le Capc a été durement touché par la crise sanitaire en 2020 et 2021 avec une fermeture au public de 6 mois en 2020 et jusqu’au 19 mai en 2021.

Durant cette période, le Capc a reçu en 2021 le label « Centre d’art contemporain d’intérêt national » attribué par le ministère de la Culture et lancé un nouveau programme de résidence intitulé Les Furtifs.

Dès la réouverture des lieux culturels en mai 2021, le Capc a commencé à déployer le projet de la nouvelle direction pensé en résonances avec de nouvelles et profondes aspirations de la société. Les mutations sans précédent auxquelles nous sommes confrontés (climatique, sociale, sanitaire, identitaire et politique), imposent de modifier en profondeur les manières d’entrer en dialogue avec les publics, de produire avec les artistes, d’imaginer la programmation. Le nouveau projet convoque l’histoire du Capc de manière vivante pour imaginer une nouvelle étape en phase avec son époque.

Ainsi, l’exposition-manifeste Le Tour du jour en quatre-vingts mondes, premier des Récits de collection, a enfin pu être proposée au public, alors même qu’elle avait été pensée à l’arrivée de la nouvelle direction en 2019 et qu’elle devait ouvrir en juin 2020. Cette exposition-manifeste propose des dialogues entre artistes d’origines géographiques, de genres et de générations diverses et postule que de nouveaux récits de l’art sont possibles et souhaitables. Pour opérer ce dialogue, le Capc s’est associé au Centre national des arts plastiques, par le biais d’un dépôt conséquent d’œuvres d’artistes originaires de régions extra-européennes, mais dont la démarche singulière déjoue tout déterminisme qui consisterait à réduire leur identité à un genre, une génération ou un contexte géographique.



Absalon Absalon

Vue de la nefVue de l'exposition "Absalon Absalon", Capc Musée d'art contemporain, (24.06.2021-02.01.2022). Photo Arthur Péquin

 

En juin 2021, la nef du Capc accueille l’exposition collective Absalon Absalon pensée par les commissaires Guillaume Désanges et François Piron. Cette exposition prend comme point de départ l’œuvre prématurément interrompue de l’artiste franco-israélien Absalon pour en proposer une interprétation renouvelée, à travers un réseau d’affinités formelles et conceptuelles avec une sélection d’œuvres d’artistes de sa génération.

 

Eva Koťátková

Vue de la nefVue de l'exposition Eva Kot’átková, "Mon corps n'est pas une île", Capc Musée d'art contemporain, (10.02.2022 - 29.05.2022). Photo Arthur Péquin

 

L’exposition personnelle d’Eva Koťátková Mon corps n’est pas une île inaugurée en février 2022 dans la nef du musée a permis d’expérimenter de nouvelles modalités de relation avec les publics qui se déploieront dans les années à venir. L’installation immersive de l’artiste ayant été conçue pour être une plateforme de rencontres, dont le service médiation s’est emparé pour organiser des rencontres ou développer des projets EAC avec différents groupes issus du champ social et éducatif.

L’exposition Hypernuit (2022) à la Base sous-marine opére un dialogue inédit entre la collection du Capc et celle du Frac-MÉCA, rarement réunies au cours de leur histoire, répondant ainsi à une attente du public bordelais à voir les liens se resserrer entre ces deux institutions.


L'Académie des Mutantes

PerformancePerformance Let it go de Lukas Hofmann, 6 mai 2022. Photo Arthur Péquin

 

Dans son nouvel élan, le Capc choisit de donner une place toute particulière à la performance, la musique, la mode et l’image animée dans sa programmation. C'est le cas avec l'exposition Le Club du Poisson Lune (2021) qui propose de nouvelles manières d’incarner la littérature et la poésie au sein du musée et centre d'art et c'est également l'ambition du festival L’Académie des Mutantes dédié aux formes vivantes et hybrides qui a connu sa première édition en mai 2022. Il se déploiera dans les années à venir comme un festival sans fin, se manifestant dans des temporalités variées, dans l’enceinte du Capc et au-delà de ses murs. Les artistes invitées auront pour spécificité d’opérer à la lisière de plusieurs disciplines, rendant leur identification complexe. Aussi, avec L’Académie des Mutantes, le Capc se fait le terrain d’expérimentations nouvelles et inattendues.

 

Barbe à Papa

Vue de l'entrée du CapcSoirée de vernissage de l’exposition Barbe à Papa, Capc Musée d’art contemporain de Bordeaux (03.11.2022 – 14.05.2023). Photo Arthur Péquin

 

L'automne 2022 a été marquée par l’ouverture de la grande exposition collective Barbe à Papa. Visible sur la façade du musée, dans la nef et sur les mezzanines, Barbe à Papa est une exposition qui pourrait être définie comme l’ombre d’une fête foraine, au ralenti et en déconstruction. Elle réunit une sélection d’œuvres de plus de 50 artistes – sculptures, installations, vidéos, peintures, performances – qui entretiennent des connivences matérielles, formelles ou encore culturelles avec des éléments de la fête foraine. La soirée de vernissage a donné lieu à une grande fête avec des performances, des concerts et de nombreuses activations d’œuvres par des artistes et des invités d’exception. Plus de 3300 personnes ont répondu présent : un chiffre historique pour un vernissage au Capc.

L'année s'est conclue au cours d'un séminaire Collections : récits, fictions, spéculations coproduit avec le Cnap, et qui a vu se succéder pendant deux jours des figures intellectuelles importantes issues de grandes institutions internationales (Tate Modern, Van Abbemuseum, Reina Sofia, Centre Pompidou…).

 

 

 

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