09.10.09 - 07.02.10
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Qu’en est-il des relations de l’art avec la culture populaire ? Cette question traverse depuis quelques années les différentes composantes de la programmation artistique du Capc. Après avoir étudié les rapports de l’art à la musique pop sunshine, aux utopies architecturales, à l’esthétique pavillonnaire des années 1970-80, au psychédélisme français, au cinéma et au théâtre comme dispositifs d’exposition, le musée amplifie ses recherches avec Insiders. L’exposition examine en effet comment de nombreuses formes artistiques et pratiques culturelles réinvestissent et renouvellent la notion de folklore.
Une coproduction Capc Musée d'art contemporain et arc en rêve centre d'architecture
Dans un monde bouleversé par la révolution web où sphères amateurss et professionnels se mêlent, où « la culture de masse d’aujourd’hui [serait] l’art folklorique de demain » (Mike Kelley), le rôle de l’artiste semble être celui d’un chercheur nomade, circulant à la croisée des disciplines et dans des contextes toujours plus singuliers. Le répertoire infini de formes, d’images, de gestes et de techniques dans lequel il puise, lui permet de questionner sans cesse les limites de l’art tout en renouvelant la spécificité.
Face aux questions sociales et économiques qui travaillent le monde, et au modèle d'une culture globale, à l'instar de la conscience écologique et de la résurgence du politique, de nouvelles solidarités opèrent. Elles permettent l'affirmation de spécificités porteuses de nouvelles logiques d'échanges et d'organisations fondées sur la coopération et la mutualisation des savoirs. Ce bouleversement en profondeur des valeurs sociétales favorise la reconnaissance des diversités culturelles et des pratiques collectives créatrices.
Insiders prend acte d’un regard nouveau posé sur différents usages et savoir-faire émanant de cultures et de territoires singuliers. L'actualisation et les modes de transmission de ces savoirs populaires – ou folk/lores – travaillent au sein d'un système global et à l’intérieur même de contextes locaux. Ils pointent la complexité d’identités façonnées par les multiples appropriations et transformations, circulations et métissages, qui déterminent aujourd’hui les conditions d’apparition de ces singularités contemporaines.
Cette double exposition, conçue comme un archipel de propositions artistiques et architecturales, entrecroise et rassemble une série d’œuvres récentes, de travaux, de projets en cours, et de commandes.
Pratiques, usages, savoir-faire
Du point de vue des pratiques artistiques, la méthode générale du projet se fonde sur le principe de la collecte, à la manière des premiers folkloristes qui, dès le 19ème siècle, opéraient sur leurs propres territoires par observations et recensements. Cette opération commune aux pratiques artistiques, anthropologiques et muséographiques consiste à sélectionner, rassembler, recueillir, comparer, valoriser et préserver des « unités » dans un ensemble à même de refléter les usages d’une société.
Aujourd’hui, des pratiques organisées collectivement déterminent la possibilité de gestes culturels inédits, de modes de production et de partage structurés localement, comme autant de versions dissonantes vis-à-vis d’un contexte globalisé. Au-delà de la position d’outsider suggérant un antagonisme entre deux cultures, ces œuvres suggèrent des relations divergentes au monde, opposant à cette opposition bipolaire une dissension multipolaire.
Afin d’étendre ce terrain d’investigation sont invités de nombreux correspondants, « observateurs-participants » situés à divers endroits du monde, conviés à partager des données sur des situations précises. Ainsi, ces artistes, curators ou critiques, se trouvent partie prenante d’une recherche à même de produire autant de propositions spécifiques : des « études de cas ». De l’ensemble d’objets à l’œuvre nouvelle, du récit « d’histoires mineures » en passant par « l’archive sauvage », ces propositions sont toutes fondées sur une collecte préalable. L’exposition se refuse au panorama pour tenter une forme plus hétérogène, à la manière d’un récit « choral ». Insiders entend ainsi montrer de quelle manière en somme l’art, au-delà de la « figure de l’artiste en anthropologue », produit un savoir spécifique sur le monde contemporain.
Le point de vue de par l’architecture, et la ville, se place au cœur de l'actualité économique, écologique et sociale pour observer ses mouvements et ses conversions. Insiders montre des expériences qui exposent une pensée prospective de la ville et de l'architecture. L'approche se fonde sur un répertoire contemporain de démarches et de projets qui, en réactualisant au quotidien la valeur de proximité, fabriquent les contours de nouveaux territoires, de formes, de signes, de relations. Ces nouvelles positions construisent des savoir-faire alternatifs qui brouillent les limites instituées entre pratiques professionnelles et amateurs.
A contre sens des grandes mutations urbaines qui semblent le plus souvent ne pouvoir échapper au contrôle des systèmes financiers, de la réglementation du marché et des normes, des initiatives individuelles et collectives s'immiscent dans les interstices du paysage mondial uniformisé par l’économie de marché. Elles s'y propagent, et le modifient de façon sensible, en réfléchissant une dimension culturelle et sociale.
Localement et en réseau, ces phénomènes d'appropriations agissent comme force d'innovation, inventent des territoires, initient des situations – réelles ou virtuelles – offrant l'opportunité d’une réhabilitation des « savoirs du peuple », d’une mondialisation par la base et d'affinités dynamiques mises en partage.
Comment la création architecturale et urbaine anticipe-t-elle ces nouvelles conditions ? De quelles manières les architectes, les urbanistes, les paysagistes s'appuient-ils sur cet autre rapport au monde, à la culture, à l'esthétique, à la technique, à l'histoire et à l'économie, pour mettre en œuvre des stratégies alternatives et inventer de nouveaux modèles ?
Contexte
Dans le cadre d’EVENTO 2009, arc en rêve centre d’architecture et le Capc Musée d’art contemporain s’associent pour réaliser l’exposition Insiders dans la nef du musée.
EVENTO est le nouveau rendez-vous artistique et urbain de Bordeaux. Sa première édition, Intime Collectif, est orchestrée par l'architecte et artiste Didier Faustino.
À la croisée des cultures et des disciplines artistiques, Bordeaux offre du 9 au 18 octobre 2009 à ses habitants et à ses visiteurs une expérience artistique et culturelle unique : une exposition en mouvement dans toute la ville, un foisonnement de projets pensés par de nombreux artistes internationaux pour porter un nouveau regard sur la ville.
Publications
Un blog, conçu comme la matérialisation en ligne d’un espace de travail partagé, à la manière d’un bureau ou d'un « mur de travail » virtuel, où seraient accrochés les documents soumis à l’étude du groupe de recherche, est mis en ligne à partir de juin 2009.
Publié conjointement et distribué gratuitement, un journal de l’exposition rassemble textes et images explicitant les raisons de l’exposition, les points de vue des correspondants et des artistes, ainsi que de différents spécialistes invités à contribuer à la réflexion pour l’occasion.
Enfin, un catalogue, rassemblant de nombreux textes théoriques, contributions visuelles et archives complète ce projet. Ce livre de synthèse, à paraître après l’ouverture de l’exposition, met en perspective l’ensemble de la recherche à l’œuvre. Y seront évoqués les différents projets présentés dans l’exposition ainsi que diverses contributions de penseurs, artistes et spécialistes du sujet dans les domaines aussi divers que la philosophie, l’anthropologie, la sociologie, l’histoire de l’art, de l’architecture, le design.