18.05.17 - 01.10.17
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Pour sa première exposition monographique en France, Naufus Ramírez-Figueroa fait des incursions dans les champs de la science-fiction et de la biotechnologie pour aborder une question récurrente dans son travail sculptural et performatif, celle de la souffrance de la terre et des hommes qui l’exploitent.
Commissaire : Alice Motard
Linnæus in Tenebris, son installation in situ pour la nef du Capc et la performance* qui l’accompagne, s’inscrivent dans le contexte historique – particulièrement lisible à Bordeaux – du XVIIIe siècle en s’intéressant à un personnage emblématique du rationalisme : Carl von Linné (1707-1778), le botaniste suédois à l’origine de la nomenclature ayant permis la classification de l’essentiel des espèces vivantes connues à son époque. Dans ce travail, l’artiste met l’accent sur les pratiques taxonomiques issues des voyages d’exploration scientifique (botanique notamment) entrepris dans le sillage de l’expansion coloniale au temps des Lumières. En reliant ces dérives conceptuelles à la hiérarchisation ethnique qui sous-tend la division du travail et l’industrialisation, notamment de l’agriculture en Amérique Centrale, et au Guatemala en particulier (par de grands groupes employant des fermiers migrants sans terre), il en révèle le pouvoir d’aliénation.
Au Capc, l'artiste projette le visiteur dans l’univers dur et froid d’une ferme agricole où sont cultivées, à l’échelle industrielle, des créatures hybrides pour le moins étranges.
Mi-humaines, mi-végétales, les sculptures qui peuplent la Nef du musée – régimes de bananes dont sortent des bras ou des jambes, pendu-cacaoyer, Monstera deliciosa ou autre plante luxuriante menaçante, yucca-androgyne, gnome-cabosse – fascinent autant qu’elles étonnent. Réalisées en polystyrène puis recouvertes de résine, elles affirment leur artificialité et interrogent les valeurs sur lesquelles a été fondée la culture « éclairée » en exposant les abus commis dans l’ombre de Linné.
Commissaire : Alice Motard
* Linnæus in Tenebris (texte : Wingston González) fait partie d’un cycle de performances de Naufus Ramírez-Figueroa commandité et produit par Corpus, réseau européen dédié à la performance. Elle est précédée de Illusion of Matter (Tate Modern, Performance Room) ; The Print of Sleep ; Life in His Mouth, Death Cradles Her Arm ; et Mimesis of Mimesis (If I Can’t Dance, I Don’t Want To Be Part Of Your Revolution, Edition VI – Event and Duration). Corpus se compose de Bulegoa z/b (Bilbao), CAC (Vilnius), KW (Berlin), If I Can’t Dance (Amsterdam), Playground (STUK & M, Louvain) et Tate Modern (Londres). Corpus est cofinancé par le programme Europe créative de l’Union européenne.
La performance sera présentée le soir du vernissage, jeudi 18 mai à 19h30, puis le samedi 20 mai à 20h, dans le cadre de la Nuit européenne des musées 2017.
Naufus Ramírez-Figueroa (né à Guatemala, vit et travaille à Berlin) s'intéresse très tôt à la littérature et au théâtre, ce qui le pousse à rejoindre le programme performatif du Art Institute de Chicago après une première formation à la Emily Carr University de Vancouver. En 2013, il complète sa formation en passant une année à la Jan van Eyck Academie à Maastricht. Parmi ses projets personnels récents figurent Two Flamingos Copulating on a Tin Roof, Mies van der Rohe Award 2017, Museum Haus Lange et Haus Esters, Krefeld (2017) ; God’s Reptilian Finger, Gasworks, Londres (2015) ; et le cycle de performances produites et commanditées par Corpus, réseau européen dédié à la performance, qu’il a réalisées à la Tate Modern, Londres, au Kunst-Werke à Berlin et au Koninklijk Instituut voor de Tropen d’Amsterdam dans le cadre de Edition VI – Event and Duration de If I Can’t Dance (2015-2016). Récemment, son travail a été montré au sein de Viva Arte Viva, 57th International Art Exhibition de La Biennale di Venezia (2017) ; lors de la 32a Bienal de São Paulo – Incerteza viva [Live Uncertainty] (2016) ; dans Burning Down the House, 10th Gwangju Biennale (2014) ; ainsi que dans des expositions collectives organisées par les galeries Proyectos Ultravioleta, Mendes Wood DM ou encore Marian Goodman (2016). En 2016, il a été résident au sein du prestigieux Berliner Künstlerprogramm du DAAD à Berlin, où il prépare une exposition à l’automne 2017.
Cette exposition reçoit le soutien exceptionnel de notre mécène d’honneur, Château Haut-Bailly